Ce n'est qu'un au revoir
Quelques mots posés...
Mon papy est parti...que c'est dur, 1 mois et 4
jours de réa, 1 mois et 4 jours d'horreur.... à croire que lorsqu'on
rentre là dedans ils puisent notre énergie pour faire fonctionner
toutes ces machines. Sonde d'intubation, respirateur, VAC, VACI,
respiration sur sonde, oxygène, VAC, VC, drogues, hypotenseurs, choc,
amines, sédation, curarisation, choc, changement des cathés, voie
centrale, PVC, choc, hémofiltration....stooooop ! coagulation, dialyse
simple... sonde urinaire, saignements, tu es énervé tu veux tout enlever
alors que tu es dans un coma léger... encore. Sonde naso-gastrique et
ce sachet de liquide qui coule lentement dans ton estomac et te donne la diarrhée. Tu as mal aux fesses d'être toujours couché et en plus ces diarrhées... des
examens, scanners, EEG, prises de sang, tellement.... transfusion....
stoooooooooooop vous vous arrêtez quand?
Et puis par un bel après-midi ensoleillé, deux petits yeux s'ouvrent, il est là, répond oui ou non avec la tête. Je lui raconte ce qui lui est arrivé et ce qu'il se passe. Mes parents arrivent, je lui demande s'il veut bien essayer d'ouvrir à nouveau les yeux quand ils entreront dans sa chambre, oui. je lui demande de reserver toutes ses forces pour cela, il est d'accord. "bon Papy, quand tu veux, on est avec toi " et à nouveau deux petits yeux bleus nous éclairent cette journée là. Quel pur bonheur.
le
lendemain tu es déjà reparti, je ne sais pas où... et ces liens qui te
serrent, des marques sur tes poignets. Mais qu'est-ce-qui te retient
ici?
Je me suis battue pour toi, j'ai bataillé et malgré tout il y
avait un décalage entre l'équipe et nous. On a finalement été entendu
par le dernier médecin, faut dire j'ai lourdement insisté. Ça a été vite
ensuite, ils ont enlevé toutes ces techniques qui ne t'apportaient plus
que douleurs et gêne pour les remplacer par un anxiolytique et de la
morphine, te voilà enfin apaisé. Mais nous on te voit s'envoler chaque
jour un peu plus, que c'est difficile.
Dimanche comme chaque jour,
nous voilà dans ta chambre maman et moi, c'est la fin mais pas si tôt quand même ? on est pas prêt
finalement... on rentre à la maison et depuis ce matin quelque chose
tourne dans ma tête, j'ai rêvé de la Prune, moi qui ne me souviens
jamais de mes rêves, Prune tu sais ton ancienne chienne elle était géniale, mais qu'est-elle venue me dire?
On part de l'hôpital. Je
traine un peu chez mes parents puis je rentre. je m'installe à l'ordi
je voulais t'imprimer quelques photos que tu emporteras avec toi, je commence.... téléphone...nooooooooon, c'est l'hôpital, c'est fini tu es parti.
Ce
serait à refaire, je ferais pareil, je me battrais encore plus fort même mais quand même j'ai un doute est ce que c'est ce que tu aurais
voulu?
Et là une longue semaine commence, le choix, le départ de l'hôpital, la veille, les
visites, l'enterrement la crémation, l'inhumation, un dernier bout de
route ensemble.
Et un homme qu'un mois de réa a transformé je ne t'ai même plus reconnu.
Et tous ces gens qui viennent te voir "ça été rapide!" mon dieu non que c'était long, il a souffert vraiment souffert.
Comme dit Émilie, "tu retrouves papy Jeannot et tu vas pouvoir jouer avec la Chipie, tu en as de la chance !"
Demain on lui rend un dernier hommage. Mon parrain a eu l'immense gentillesse d'écrire un poème en son honneur. On l'a pris un peu de court le pauvre mais il a reussi à écrire un texte magnifique. Je ne devais pas lire pendant la cérémonie mais je ne vois pas quelqu'un extérieur à notre famille le lui lire et puis ma grand mère lorsqu'elle l'a lu a dit "Que c'est beau... tu arriverais à le lire?"... Ben oui Mamy pour toi et Papy je vais le faire... bon maintenant faut assurer !!
Il nous reste à oeuvrer
Ne pourrons nous jamais comprendre ce mystère
Pourquoi faut-il qu'un jour ils tirent révérence ?
Nous étions pourtant bien en toute connivence
Immuables recours ils étaient nos repères
Nos très cheres Mamans nos Papas salutaires
S'en vont, nous savons où, préparer à l'avance
Un grand nid d'amour pour notre renaissance
Nous les retrouverons dans cet autre univers
Quand notre tour viendra nous pousserons la porte
De cet havre de paix où la vie nous emporte
Nous irons droit devant sans sextant ni boussole
Toujours à nos côtés malgré l'éloignement
Ils guideront nos pas vers l'espoir qui console
Ils nous reste à oeuvrer comme l'ont fait nos parents
Michel ALBEREMER